L’Horizon des événements, le non-advenu au psychodrame analytique individuel – mémoire de recherche
Master 1 de Psychologie clinique, l’Institut de Psychologie Lumière Lyon 2, 2021.
Résumé
Les pertes précoces constituent une catégorie d’expériences infantiles pouvant altérer les capacités représentationnelles de l’enfant. Ce qui reste en souffrance d’élaboration s’exprime alors par le corps et l’agir destructeur. Dans cette recherche, nous cherchons à comprendre comment le dispositif du psychodrame analytique individuel favorise la mise en jeu de la vie psychique, figée par le traumatisme. En appui sur la théorie du trauma infantile et celle du psychodrame analytique, nous analysons des données cliniques issues d’un stage en tant qu’observatrice écrivant. Nous constatons que, chez les jeunes patients ayant subi des pertes précoces, les difficultés à représenter s’expriment par la compulsion de répétition, aussi bien dans le jeu que dans le rapport au cadre du dispositif. Ces comportements répétitifs correspondent à une tentative de circonscrire l’expérience traumatique. La capacité du dispositif à contenir ces comportements assure l’enfant de la solidité du cadre et lui permet de vivre des expériences d’accordage, constituant un fond pour l’émergence de représentation d’affects. Cette mise en mouvement psychique se manifeste dans le jeu par un renouvellement des thèmes et des positions identificatoires. Ainsi, des signes cliniques émergent, pouvant faire l’objet d’interprétations, soutenant l’appropriation subjective de ces expériences.
Rabindranath Tagore
J’ai rencontré le poème On the seashore, de Rabindranath Tagore, au détour de la lecture du Psychodrame analytique chez l’enfant et l’adolescent, d’Anzieu (1956). Page 120, il écrit « Winnicott aimait à citer ce vers de Rabindranath Tagore : ‘Sur toutes les plages du monde, sans fin les enfants jouent.’ Il arrive que le psychodrame soit cette plage entre le solide et le liquide, entre la mère et le monde, entre la pulsion et la pensée ». En effet, Winnicott en utilise un vers – quoiqu’un peu modifié – comme épigraphe de son article de 1967 portant sur l’espace potentiel entre la mère et l’enfant. La lecture de ces textes d’Anzieu, Winnicott et Tagore a présidé à ma rencontre avec le psychodrame analytique. Puis, au contact de cette clinique foisonnante, j’ai découvert que, comme dans le poème, les enfants y jouent, environnés par les tempêtes, les naufrages et la mort. Mais ils ne sont pas indifférents à ces thèmes, au contraire : ceux-ci sont au cœur de leurs jeux.
Les pertes précoces constituent une catégorie d’expériences infantiles pouvant altérer les capacités représentationnelles de l’enfant. Ce qui reste en souffrance d’élaboration s’exprime alors par le corps et l’agir destructeur. Dans cette recherche, nous cherchons à comprendre comment le dispositif du psychodrame analytique individuel favorise la mise en jeu de la vie psychique, figée par le traumatisme. En appui sur la théorie du trauma infantile et celle du psychodrame analytique, nous analysons des données cliniques issues d’un stage en tant qu’observatrice écrivant. Nous constatons que, chez les jeunes patients ayant subi des pertes précoces, les difficultés à représenter s’expriment par la compulsion de répétition, aussi bien dans le jeu que dans le rapport au cadre du dispositif. Ces comportements répétitifs correspondent à une tentative de circonscrire l’expérience traumatique. La capacité du dispositif à contenir ces comportements assure l’enfant de la solidité du cadre et lui permet de vivre des expériences d’accordage, constituant un fond pour l’émergence de représentation d’affects. Cette mise en mouvement psychique se manifeste dans le jeu par un renouvellement des thèmes et des positions identificatoires. Ainsi, des signes cliniques émergent, pouvant faire l’objet d’interprétations, soutenant l’appropriation subjective de ces expériences.
Premières lignes
Tempest roams in the pathless sky, ships are wrecked in the trackless water, death is abroad and children play.Rabindranath Tagore
J’ai rencontré le poème On the seashore, de Rabindranath Tagore, au détour de la lecture du Psychodrame analytique chez l’enfant et l’adolescent, d’Anzieu (1956). Page 120, il écrit « Winnicott aimait à citer ce vers de Rabindranath Tagore : ‘Sur toutes les plages du monde, sans fin les enfants jouent.’ Il arrive que le psychodrame soit cette plage entre le solide et le liquide, entre la mère et le monde, entre la pulsion et la pensée ». En effet, Winnicott en utilise un vers – quoiqu’un peu modifié – comme épigraphe de son article de 1967 portant sur l’espace potentiel entre la mère et l’enfant. La lecture de ces textes d’Anzieu, Winnicott et Tagore a présidé à ma rencontre avec le psychodrame analytique. Puis, au contact de cette clinique foisonnante, j’ai découvert que, comme dans le poème, les enfants y jouent, environnés par les tempêtes, les naufrages et la mort. Mais ils ne sont pas indifférents à ces thèmes, au contraire : ceux-ci sont au cœur de leurs jeux.